Mosaïque représentant l’Arbre de Vie
Palais d’Hisham, VIIIème siècle, Jéricho
La vue de cet arbre chargé de fruits est bien satisfaisante :
dans le jardin paradisiaque il suffirait de tendre la main
pour cueillir les grenades et les manger
Comme aux biches, la nature s’offrirait à nous sans effort
Mais à droite de l’arbre
un lion fait irruption pour dévorer sa proie
la béatitude du jardin est rompue
et je réalise que m’habite encore la peur de mes ancêtres
d’être dévorés tout crus
Doublement aux aguets, je suis aussi le lion
et comme la Bête du conte qui rougit devant la Belle
j’ai honte de ce qui me reste de sauvagerie
L’instinct du chasseur abolit l’empathie
et sans penser à mal, j’écrase la fourmi
et croque la chair d’autres animaux
C’est étrange cette violence des choses naturelles
Il faut bien mourir, c’est entendu
mais pourquoi faut-il que tuer soit un impératif de survie
et que l’un doive servir de repas à l’autre ?
Vraiment je ne sais pas à quoi cela rime
ni à quoi pensait Dieu au jour de la Création
L’interprétation classique du sens de cette mosaïque, placée dans la salle d’audience du palais, est une représentation du bien et du mal, par laquelle le sultan faisait comprendre à ses visiteurs le risque qu’ils courraient à s’affranchir de sa protection.