Lac de Genève – Photo Sybille Sciamma
Qui peut décrire
la tranquillité de cette ville
un dimanche matin
au bord du lac
sans une vague
sans un bruit
Les cygnes nous montrent leur derrière
gentiment
quand ils plongent dans l’eau
Tout ce liquide
On s’y noierait
On s’y dissoudrait
Sans peur
Le liquide est dans le ciel aussi
On ne fait plus trop la distinction
Dessus, dessous
Dehors, dedans
L’eau s’étale
Elle coule
Elle occupe toute la place
L’eau de mes larmes
Mais aussi l’eau bénite
L’eau qui lave
et qui rafraichit
Mon caractère d’eau
Calme en surface
Inénervable
Profond
Sans fond
Où prendre pied ?
Toujours à l’horizontal
Qui occupe tout, comble toutes les aspérités
et les interstices
Ça vous prend à l’estomac ce lac
Ça vous noie
Plus rien à quoi s’accrocher
Plus rien de dur ni de ferme
Il faut l’accepter
Laisser rentrer l’eau à l’intérieur
la laisser s’étaler
et s’apaiser
Bientôt les cygnes viendront pêcher
avec leurs pattes palmées
leur drôle de long cou
plouf qui s’enfonce tout d’un coup
dans un joyeux clapotis d’eau
et leur derrière tout blanc comme un plumeau
qui pointe vers le ciel