« Je pleure la montagne de toute cette vie »
Blaise Oberson, Fracas du Couchant
Oui arrivé à un certain âge
on sent en soi toute la vie qu’on a déjà vécue
qui fait comme une montagne
une montagne de souvenirs,
de périodes, de choses enfouies
parfois comme une fonte des neiges
on pourrait pleurer tout ça,
tout ce qu’on a aimé et chéri
et qui s’est enfui
on pourrait aussi laisser remonter à la surface
tous les chagrins et les peines
les vieilles blessures, les cicatrices
à l’intérieur ça encombre
des strates, des couches de passé
cette montagne de vie vécue
qui pousse jour après jour
il faudrait réussir à la faire fondre
la bercer bien au chaud
et toutes les joies et toutes les peines
se mettraient à couler
comme des petits ruisseaux
et notre belle montagne
aurait les pieds bien frais
baignés par tous ces pleurs
tout reverdirait
et les oiseaux chanteraient
Photo Olivier Donnat pour Perenity Solutions