“Mon père m’a souvent répété que lorsque nous avons de la chance, nous n’avons aucun droit, seulement des devoirs.”
Blanche de Richemont, Allez, Courage ! , Editions Les Presses de la Cité, 2022
J’ai toujours pensé que j’avais de la chance
née dans un temps de paix
dans un pays riche
dans un milieu social aisé
dotée d’un physique agréable
et d’une bonne santé
parfaitement adaptée au système scolaire
et largement aimée
Pour résumer,
comme le Figaro de Beaumarchais le disait au Comte :
« Vous vous êtes donné la peine de naître… »
Alors voilà, selon cette croyance bien ancrée
peut-être dans un catholicisme englué de culpabilité
« Quand on a de la chance
on n’a aucun droit
et que des devoirs »
Et oui, il faut bien rétablir la justice quelque part !
J’ai l’impression que d’un bon coup de talon
sur un pied de biche
cette petite phrase vient de soulever
le rocher qui m’asphyxiait
Au-dessous, la terre est humide et sombre
et il y a des insectes pâles qui remuent,
surpris d’être exposés à la lumière
Ce sont dans les replis de mon cœur
toutes ces angoisses sourdes
et ces hontes brûlantes
Ai-je outrepassé mes droits ?
Ai-je commis quelque faute ?
Moi qui suis chanceuse
et qui doit me racheter sans cesse
de toute cette chance,
suis-je à la hauteur ?
Merci Blanche de Richemont
d’avoir planté le couteau « dans le mille »