« – Travaillons sans raisonner, dit Martin; c’est le seul moyen de rendre la vie supportable.
Toute la petite société entra dans ce louable dessein; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était, à la vérité, bien laide; mais elle devint une excellente pâtissière; Paquette broda; la vieille eut soin du linge. Il n’y eut pas jusqu’à frère Giroflée qui ne rendît service; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme; et Pangloss disait quelquefois à Candide: « Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles: car enfin si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. – Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »
Voltaire, Candide ou l’Optimisme
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Quel coquin Voltaire !
Comme j’aime son esprit farceur
et ces dernières lignes délicieuses de Candide
La vie décidément n’a aucun sens
et Cunégonde est devenue bien laide
mais on peut manger des cédrats confits et des pistaches
Pangloss continue à pérorer
car chacun est comme il est
Et oui, « tout est pour le mieux
dans le meilleur des mondes possibles »
car de toutes les façons
c’est bien le seul qu’on a !
Il n’y a plus qu’à hausser les épaules
sourire tendrement
et exercer nos talents
avec un grand soupir de soulagement
J’ai envie de bêcher la terre
dans la métairie de Candide
de vivre en harmonie
au milieu de tous ces éclopés
de faire des gâteaux
de prendre soin du linge
et de cultiver patiemment mon jardin
